Je me souviens de toi,
de ta barbe mal rasée,
ta gueule qu'on avait envie de baiser
encore et encore,
sur les lèvres,
sur les paupières closes,
fermées sur nos nuits qui stoppaient le temps.
Je me souviens de ta bouche,
de tes dents avides qui avaient toujours faim,
de tout de moi de nous,
ces dents qui mordaient,
qui s'agrippaient à la vie, à l'envie,
qui refusaient de se laisser brider.
Je me souviens de tes yeux,
noirs, profonds,
un puits, une prison
où j'étais libre d'être ta prisonnière,
des yeux fiévreux,
fatigués mais qui lisaient
le monde sans jamais se tromper.
Je me souviens de tes mains,
de tes doigts qui parcouraient ma peau,
qui s'accrochaient, qui griffaient
comme pour retenir des morceaux de nous,
comme pour dire qu'on ne mourra jamais,
nous sommes au delà de ça.