Remerciements à JnB le bijou de nuit
qui attend son porte-cigarette
pour m'avoir fait replonger cette nuit en poësie
profond profond
¤ ¤ ¤
Sais-tu quand cela devient vraiment une histoire
L’amour
Sais-tu
Et le ciel a le goût du sable dispersé
Louis Aragon (3 octobre 1897 - 24 décembre 1982)
Tous deux crachons tous deux
Sur ce que nous avons aimé tous deux
Ce qui passe entre nous de sombre et d’inégalable
Comme un dialogue de miroirs abandonnés
Certains noms sont chargés d’un tonnerre lointain
Une espèce de sanglot commode
Une valse de miroirs
Un dialogue nulle part
Écoute ces pays immenses où le vent
Pleure sur ce que nous avons aimé
Je me souviens de ton épaule
Je me souviens de ton coude
Je me souviens de ton linge
Je me souviens de tes pas
Que le jour faiblissait sur des camions bleus
Je me souviens de tant de choses
De tant de soirs
De tant de chambres
De tant de marches
De tant de colères
De tant de haltes dans des lieux nuls
Où s’éveillait pourtant l’esprit du mystère pareil
Au cri d’un enfant aveugle dans une gare-frontière
Je me souviens
Aima Fut Vint Caressa
Attendit Épia les escaliers qui craquèrent
Attendit attendit puits profonds
J’ai cru mourir d’attendre
Le silence taillait des crayons dans la rue
Ce taxi qui toussait s’en va crever ailleurs
Attendit attendit les voix étouffées
Devant la porte le langage des portes
Hoquet des maisons attendit
Aima aima aima mais tu ne peux pas savoir combien
Aima c’est au passé
Aima aima aima aima aima
0 violences
Ils en ont de bonnes ceux
Qui parlent de l’amour comme d’une histoire de cousine
Ah merde pour tout ce faux-semblant
Sais-tu quand cela devient vraiment une histoire
L’amour
Sais-tu
Et le ciel a le goût du sable dispersé
Nous arrivons à parler de ce que c’est que de
Coucher ensemble pendant des années
Pareilles à des voiles marines qui tombent
Sur le pont d’un navire chargé de pestiférés
Qu’est-ce donc qui m’émeut à un pareil point
Dans ces derniers mots
Le mot dernier peut-être mot en qui
Tout est atroce atrocement irréparable
Le dernier mot d’amour imaginez-vous ça
Et le dernier baiser et la dernière
Nonchalance
Et le dernier sommeil Tiens c’est drôle
Je voulais dire les derniers instants
Les derniers adieux le dernier soupir
Le dernier regard
L’horreur l’horreur l’horreur
Crachons veux-tu bien
Sur ce que nous avons aimé ensemble
Sur nos lits défaits
Sur notre silence et sur les mots balbutiés
(Ci-avant une proposition de version courte libre)
(Ci-après la version originale de l'auteur)