L'impuissance aime refléter son néant dans la souffrance d'autrui.
Extrait de Sous le soleil de Satan, George Bernanos, 1926, Ed Poche 2008 :
p.25 - 27
- Qu'a-t-elle besoin d'un curé, pour apprendre en confesse tout ce qu'elle ne doit pas savoir ? Les prêtres faussent la conscience des enfants, c'est connu.
Pour cette raison, il avait défendu qu'elle suivît le cours du catéchisme, et même "qu'elle fréquentât l'un quelconque de ces bondieusards qui mettent dans les meilleurs ménages, disait-il, la zizanie". Il parlait aussi, en termes sibyllins, des vices secrets qui ruinent la santé des demoiselles, et dont elles apprennent au couvent la pratique et la théorie. "Les nonnes travaillent les filles en faveur du prêtre" était une de ses maximes. "Elles ruinent d'avance l'autorité du mari", concluait-il en frappant du poing sur la table. Ça il n'entendait pas qu'on plaisantât sur le droit conjugal, le seul que certains libérateurs du genre humain veulent absolu.
[...] Pour beaucoup de niais vaniteux que la vie déçoit, la famille reste une institution nécessaire, puisqu'elle met à leur disposition, et comme à portée de la main, un petit nombre d'êtres faibles, que le plus lâche peut effrayer. Car l'impuissance aime refléter son néant dans la souffrance d'autrui.
Se procurer l'ouvrage :
Sous le soleil de Satan
Georges Bernanos
1926 (édition 2008)
Julliard
384 pages
https://www.amazon.fr/Sous-soleil-Satan-Georges-Bernanos/dp/2253162884/