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Zagdanski

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Stéphane Zagdanski ne quitte pas le monde des livres.

 

La nouvelle œuvre de Stéphane Zagdanski, intitulée RARE,

vous paraîtra soit farfelue et déconcertante,

soit follement libre et innovante.


podcast

 

Chaque page est conçue comme une œuvre d’art à part entière ; certaines pages suivent des codes bien établis de l'art contemporain et se fondront parfaitement sur un mur ou dans une alcôve (on imagine qu’elles seront vendues le jour même du vernissage) ; d’autres sont à l’avant-garde artistico-technologique (et de fait déjà préemptées, c’est la loi du marché de l’art contemporain, c’est la loi d'ailleurs de tout marché, des meilleures bouteilles de vin aux produits financiers intéressants) ; enfin, il y a les plus touchantes, sorties tout droit d’un esprit resté enfant dans le sens noble du terme. Ces dernières sont en train de naître, en ce moment même, et dans une pure créativité explorante, dirigée par la naïveté et la lucidité propres à Stéphane. Et cette alliance de naïveté et de lucidité est tout à fait désarmante.

Là où Stéphane reste un écrivain qui nous offre bel et bien un livre - d'un nouveau genre -, c’est dans le processus de conception de cette collection autographe. Chaque œuvre d’art est un « tableau » ou un objet, et chaque tableau est une partie du livre. Chaque tableau est une page. Ou plus, qui sont écrits densément, ou moins, qui comptent peu de mots. Et certaines pages sont en 3D, sur des objets chargés de sens avant même que d'écriture, ou indéplaçables, éphémères, dans une action.

L’unité de la collection est la graphie de Stéphane : son écriture manuscrite dont le caractère enfantin et spontané saute aux yeux. Un écrivain, ça n’écrit pas tout à fait comme un médecin, mais ça écrit beaucoup ma foi, ça scribouille un peu parfois, ça fait des ratures bien sûr, quand ça se relit, pour améliorer sa prose ou si d’aventure l’œil d’un(e) relecteur-correcteur(trice, trice) se propose.

Ici tout est conservé intact, à même les tableaux, de l’encre qui coule et des ratures, jusques à l’instrument d’écriture qui est inséré en offrande. Stéphane appelle cela un "sacrifice". A chaque tableau sa peinture et son pinceau, sa plume large ou fine, son encre de Chine ou d'or et mille choses encor.

Vous pensez à quelque chose ? Stéphane y a sans doute déjà pensé et l’a déjà tenté. Ou alors c’est en germe. Et le calligramme et le miroir ? Oui. Vous n'osez pas demander les pâtes-alphabet ? Stéphane ose la femme-alphabet. Il y a aussi la page qui n'existera pas et la femme-page dotée de la faculté d'elle-même contempler les autres pages.

Et comme un rêve d’enfant qui a tardé à se concrétiser, Stéphane dévalise les papeteries et autres magasins spécialisés en papiers, plumes, encres, crayons, feutres, vernis, bombes et qui sait quoi d’autre.

 

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Le tour de force à notre sens réside dans l’imagination détonnante de l'artiste et davantage encore dans le processus d’écriture, même si Stéphane nous assure qu’il n’y a rien d’étonnant, qu'après avoir écrit vingt livres, il sait où il va, que c’est faisable : le tour de force est que le livre s’écrit en direct, page après page, c’est-à-dire tableau après tableau, en suivant sa progression. Page après page, puisque c’est avant tout – après tout – un livre. Et synchroniquement, les tableaux naissent les uns après les autres. Ce n’est donc pas la transposition en tableaux d’un livre préécrit. C’est la conception et la naissance simultanée d’un livre et d’une collection de tableaux : un roman diffracté en œuvres d'art.

Un collectionneur avisé parviendra-t-il à acquérir deux tableaux qui se suivent, histoire de ne pas interrompre une phrase ?

Voici donc pourquoi Stéphane ne quitte pas le monde des livres. Il n'est pas non plus un transfuge qui se serait égaré par dépit dans le parfois pas très regardant art contemporain. Non, ce que fait Stéphane, c'est repousser les frontières du monde des livres. Il vient projeter son talent d’écrivain dans l’art contemporain. Une incursion romanesque en l'art contemporain qui fait un retour boomerang à l'exp(-)éditeur. Un métissage, sujet qu'il connaît bien. Il est le provocateur qui ne déroge pas à son habitude de jeter son pavé dans la mare : cette fois c'est un livre géant, savamment organisé dans un atelier discret, qui va être exposé prochainement sur et entre les murs d’un galeriste, pour ensuite être disséminé aux quatre coins de là où les acquéreurs de ses œuvres se trouveront. Le livre étant bilingue, certains tableaux sont susceptibles de traverser la Manche ou l'Atlantique. Un roman éparpillé comme des cendres aux quatre vents.  Un livre aux dimensions géantes, belle brèche ouverte entre deux mondes : celui des livres et celui de l’art contemporain, véritable concerto pour graphie.

L'écriture reste le fil rouge et la somme totale, la trame intérieure et l'enveloppe englobante, l'alpha et l'oméga de cette collection d'art contemporain. Avec en prime un retour aux origines de l’encre au bout des doigts étalée sur les murs ou à même la peau de l’artiste au contemplateur avec pour seul trait (d’union) la graphie dans son jus.


Jana Hobeika
Dubaï, le 21 février 2016

 

A consulter également : 

> Article de presse : http://bibliobs.nouvelobs.com/actualites/20150904.OBS5273/zagdanski-je-quitte-le-monde-des-livres.html

> Entretien avec Romain Debluë : http://parolesdesjours.free.fr/gravite.htm

> Work in progress : https://rarefrance.wordpress.com/

> Video de présentation reprise ci-dessous : https://rarefrance.wordpress.com/videos-de-presentation/

 



 

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Un écrivain,
ça n’écrit pas tout à fait comme un médecin
mais ça écrit beaucoup ma foi
ça scribouille un peu parfois
ça fait des ratures bien sûr
quand ça se relit, pour améliorer sa prose
ou si d’aventure
l’œil d’un(e) relecteur-correcteur(trice, trice) se propose
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A chaque tableau
sa peinture et son pinceau
sa plume large ou fine
son encre de Chine
ou d'or
et mille choses encor

 

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Avec en prime un retour aux origines
                     de l’encre au bout des doigts
                                                                 étalée
                                                                       sur les murs ou à même la peau
                     de l’artiste au contemplateur
                                                     avec pour seul trait
                                                                             (d’union)
                                                                                    la graphie dans son jus.

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PS à Stéphane : merci d'avoir partagé ton travail dans son cours avec toute la générosité qui te caractérise.

 

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