La cendre est salissante.
Je reconnais que je suis pécheur.
J’accepte que la crasse de mon péché
ordinairement cachée apparaisse au grand jour.
La cendre est ce qui demeure après l’incendie, purifié par le feu.
Il est déjà le signe de la puissance de Dieu qui nous enflamme
et nous purifie par son amour ardent.
Nous passons de l’aveu de notre misère
à celui de sa miséricorde.
Dimanche 7 Février - 5ème dimanche du Temps ordinaire
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UN GOUT DE CENDRES
J'aime le jour des cendres.
Chrétiens de longue date, nous sommes très habitués à ce geste qui est pourtant impressionnant. Il faut imaginer la surprise d’un observateur extérieur qui ignore tout de la foi chrétienne. Il voit une assemblée en procession se faire salir la tête et s’entendre dire : « souviens-toi que tu es poussière, et que tu retourneras en poussière ».
La cendre est d’abord un signe de fragilité qui nous rappelle que nous allons vers la mort. Toute chose et toute chair en ce bas monde sont passagères. Sans Dieu, notre avenir se réduit à la pourriture de la fosse. Toute tentative est vaine pour échapper à une fin inéluctable. « Qui d’entre vous peut ajouter une coudée à la longueur de sa vie ? » Mt 6,27. Nul progrès de la médecine, nulle crème anti-rides ou anti-âge, ni chirurgie esthétique ou transhumanisme, ne nous permettront d’échapper à notre condition. Le signe de la cendre est humblement réaliste, nous reconnaissons que nous ne sommes qu’ombres et poussières.
En outre, la cendre est salissante. Ainsi je reconnais que je suis pécheur. J’accepte que la crasse de mon péché ordinairement cachée apparaisse au grand jour. Un jour dans l’année, les masques tombent, notre hypocrisie est révélée, nous ne sommes pas ce que nous paraissons être. Nous porterons sur le front comme une lèpre le signe de notre misère.
Mais la cendre est aussi ce qui demeure après l’incendie, ce qui fut purifié par le feu. Il est déjà le signe de la puissance de Dieu qui nous enflamme et nous purifie par son amour ardent. Nous passons de l’aveu de notre misère à celui de sa miséricorde. C’est le bois des rameaux qui nous a fourni les cendres. Le roi accueilli à Jérusalem a donné sa vie pour que nous soyons libres du péché et de la mort.
Enfin, les cendres me font penser au phénix. En effet l’iconographie chrétienne a repris cette légende païenne et il n’est donc pas rare de trouver un phénix autour d’une fresque ou d’une mosaïque du Christ ressuscité. Le signe de la cendre soulève notre espérance de la résurrection. Le Dieu créateur a tiré Adam de la poussière, le même Dieu sauveur nous tirera, et tirera ceux que nous aimons et que nous avons perdus, de la poussière de la tombe.
Père Etienne Masquelier