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Coriolan - Beethoven, Furtwängler, PEPA

 

PEPA, Beethov
BeethovenPierre-Emmanuel Prouvost d'Agostino

 

Il y a, dans "Coriolan", le cri pétrifié de la colère,
et l'épanchement - torturant jusqu'à la folie -
de la tendresse incomprise.

 

 


https://youtu.be/QoultibNlus

 

 

Il y a, dans "Coriolan", le cri pétrifié de la colère, et l'épanchement - torturant jusqu'à la folie - de la tendresse incomprise.
Beethoven a suivi Shakespeare à la lettre, - et nous a rendu le personnage de l'histoire romaine, avec sa propre projection paranoïaque par-dessus, plus vrai que proche, plus éternel que courtement "moderne".

Traître à Rome, par amour de Rome, Coriolan, c'est l'aristocrate-né, qui se dit, avec justesse, que la patrie, c'est une chose bien trop noble et sérieuse, pour qu'on la laisse au peuple...
C'est celui qui, comme dirait Baudelaire : "change de camp, et passe à l'ennemi, pour éprouver, un instant, la volupté de servir la cause opposée".
C'est aussi celui qui, par nécessité politique d'un moment, - et avec une espérance aussi folle que suicidaire – accepte, surmontant son dégoût, de croire qu'il y a de l'homme chez son prochain, - et (tel le don Juan de Molière) finit par faire l'aumône d'une pièce ou d'une main tendue à la plèbe... "au nom de l'humanité"...

Inutile de décrire la déception qui s'ensuit...!

Bref : un amateur de sensations fortes, à qui l'approbation majoritaire fait l'effet d'une insulte, et qui, par excès d'intransigeance et de vertu, se fait regarder comme un suspect, où qu'il aille. On lui donnerait volontiers pour épitaphe le testament de Scipion qui, préférant être enterré à Naples plutôt qu'avec les honneurs, par un Sénat romain qui lui avait si mal payé de ses victoires puniques, fit, à l'article de la mort, écrire aux pères conscrits ces quelques mots laconiques : "Ingrate patrie, tu n'auras pas mes cendres... !"

J'ai toujours pensé qu'il y eût – traversant cette ouverture de Beethoven – le souvenir de cet étrange christ de la Révolution que fut Robespierre... et, d'ailleurs, elle est fort inspirée de celle que son maître Salieri, songeant à la même chose (mais, un peu plus ouvertement) consacra à un autre "outlaw" célèbre de l'histoire de Rome : Catilina.

Bref, quant à moi, il m'est impossible de l'entendre, sans songer au mot de Nietzsche, réclamant pitié, non pour l'homme, le faible, l'indécis, la masse, le mal-venu, l'oisillon tombé du nid, la faible femme ou le chaton bleu sans famille, - mais pour le Surhomme.

 

Pierre-Emmanuel Prouvost d'Agostino
9 juin 2015

 


https://youtu.be/Qkc7wXS1Xbg

 

 

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