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Question d'héritage

 

mon enfant,ton héritage,benjamin biolay,karim hobeika

Si tu aimes les soirs de pluie, les ruelles de l'Italie 
Si tu aimes les éclaircies, prendre un bain de minuit
Si tu n'fleuris pas les tombes, mais chéris les absents
Si tu as peur de la bombe, et du ciel trop grand
Si tu aimes la marée basse, le soleil sur la terrasse et la lune sous l’auvent
Si l'on perd souvent ta trace, si la vie te dépasse
Si tu oublies les prénoms, les adresses et les âges
Mais presque jamais le son d'une voix, un visage
Si tu préfères Paris, quand vient l'orage
Si tu aimes les goûts amers, et les hivers tout blancs
Si tu aimes les derniers verres, les mystères troublants
Si tu aimes sentir la terre et jaillir le volcan
Si tu as peur du sommeil et que passe le temps
Si tu aimes l'automne vermeil
Merveille, rouge sang
Si tes idéaux s'écroulent

 

Ceci est un calligramme

 

 

 

 

mon enfant, ton héritage, benjamin biolay
Crédits photographiques Karim Hobeika

 

Si tu aimes les soirs de pluie 
Mon enfant, mon enfant 
Les ruelles de l'Italie 
Et les pas des passants 
L'éternelle litanie 
Des feuilles mortes dans le vent
Qui poussent un dernier cri
Crie, mon enfant

Si tu aimes les éclaircies
Mon enfant, mon enfant
Prendre un bain de minuit
Dans le grand océan
Si tu aimes la mauvaise vie
Ton reflet dans l'étang
Si tu veux tes amis
Près de toi, tout le temps

Si tu pries quand la nuit tombe
Mon enfant, mon enfant
Si tu n'fleuris pas les tombes
Mais chéris les absents
Si tu as peur de la bombe
Et du ciel trop grand
Si tu parles à ton ombre
De temps en temps

Si tu aimes la marée basse
Mon enfant, mon enfant
Le soleil sur la terrasse
Et la lune sous l’auvent
Si l'on perd souvent ta trace
Dès qu'arrive le printemps
Si la vie te dépasse
Passe, mon enfant

Ça n'est pas ta faute
C'est ton héritage
Et ce sera pire encore
Quand tu auras mon âge
Ça n'est pas ta faute
C'est ta chair, ton sang
Il va falloir faire avec
Ou... plutôt sans

Si tu oublies les prénoms
Les adresses et les âges
Mais presque jamais le son
D'une voix, un visage
Si tu aimes ce qui est bon
Si tu vois des mirages
Si tu préfères Paris
Quand vient l'orage

Si tu aimes les goûts amers
Et les hivers tout blancs
Si tu aimes les derniers verres
Les mystères troublants
Si tu aimes sentir la terre
Et jaillir le volcan
Si tu as peur du vide
Vide, mon enfant

Ça n'est pas ta faute
C'est ton héritage
Et ce sera pire encore
Quand tu auras mon âge
Ça n'est pas ta faute
C'est ta chair, ton sang
Il va falloir faire avec
Ou... plutôt sans

Si tu aimes partir avant
Mon enfant, mon enfant
Avant que l'autre s'éveille
Avant qu'il te laisse en plan
Si tu as peur du sommeil
Et que passe le temps
Si tu aimes l'automne vermeil
Merveille, rouge sang

Si tu as peur de la foule
Mais supportes les gens
Si tes idéaux s'écroulent
Le soir de tes vingt ans
Et si tout se déroule
Jamais comme dans tes plans
Si tu n'es qu'une pierre qui roule
Roule, mon enfant

Ça n'est pas ta faute
C'est ton héritage
Et ce sera pire encore
Quand tu auras mon âge
Ça n'est pas ta faute
C'est ta chair, ton sang
Il va falloir faire avec
Ou... plutôt sans

Mon enfant

 

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